Romain ATTANASIO a franchi la deuxième marque symbolique de ce Vendée Globe : le cap de Bonne Espérance ce jeudi après-midi. Le navigateur, actuel quatorzième de la flotte, poursuit sa progression dans les mers du sud et mène dans sa “bagarre” bon enfant avec Clarisse Crémer. La succession des avaries dans la flotte le pousse plus que tout à jouer la prudence.
Il y a des jours où il n’est pas si bon d’être en mer. Le Vendée Globe a rappelé avec brutalité ce qu’il était : un des challenges sportifs les plus durs au monde, où tout peut basculer en une fraction de secondes. Le récit du sauvetage de Kevin Escoffier par Jean Le Cam est encore dans toutes les têtes, à terre comme en mer. Et Romain Attanasio y a forcément été très sensible “je suis vraiment content pour Kevin, expliquait-il mardi soir. Un bateau cassé en deux, c’est incroyable. On a tous été calmés et on va tous essayer de faire gaffe.“
Tout est difficile ici, c’est un tunnel jusqu’au Cap Horn.
Une poignée d’heures plus tard, les organisateurs annonçaient que Sébastien Simon avait heurté un Ofni, tout comme Samantha Davies, ce mercredi soir. Sur les réseaux sociaux, Romain a tenu à faire part de son « inquiétude » pour sa compagne. Mais il s’est aussi montré rassurant : “c’est une excellente navigatrice, je sais qu’elle saura gérer au mieux la situation et prendre toutes les précautions nécessaires.” Ainsi, la majorité des skippers est donc arrivé dans les mers du sud, à proximité de la zone d’exclusion des glaces. Du froid, une mer formée, des courants chauds et des rafales à n’en plus finir… “Tout est difficile ici, on est dans un tunnel jusqu’au Cap Horn !” reconnaît Romain. “C’est l’ambiance grand Sud, je le retrouve comme je l’avais laissé il y a quatre ans.“
Dans de telles conditions, ménager son bateau est une exigence de chaque instant. Et PURE-Best Western n’a pas été épargné par les petits soucis. Ainsi, samedi dernier, pour la seconde fois depuis le début de la course, Romain a dû monter en haut du mât. S’il n’est pas encore parvenu à défaire un ris dans la grand-voile – il compense avec ses voiles d’avant -, Romain a, une nouvelle fois, affronté ses appréhensions. Dans les jours qui suivent, c’est son système d’aide à la navigation qui est défectueux. “Cela m’a embêté pendant trois jours”, confie Romain qui est néanmoins parvenu à trouver la solution. Et mercredi, son petit gennaker s’est déchiré et il a dû la encore s’employer pour résoudre le problème.
Du froid, un sommeil qui manque, une bataille qui enthousiasme.
Le skipper est particulièrement vigilant dans cette mer où tout peut basculer. Lors du dernier Vendée Globe, c’était au cap de Bonne-Espérance qu’un choc avec une baleine avait endommagé ses safrans. “Je pensais que c’était mort”, avait-il alors expliqué avant de poursuivre sa route. Du coup, difficiles ces dernières nuits de trouver le sommeil : Romain veut être vigilant au maximum.
Face aux dépressions australes, il convient de s’adapter. Car désormais, c’est le froid qui ronge. “J’ai froid au pied, ça caille ! confie-t-il lundi dernier. Je voulais le garder pour un peu plus tard mais j’ai sorti mon sac de couchage “Grand-Sud” tellement j’avais froid.” Et pour y résoudre, il a mis le chauffage, depuis hier, pour combler les cinq degrés ressentis à l’intérieur du bateau
De cette semaine particulièrement harassante, il reste de nombreux motifs pour garder le sourire. Romain apprécie ainsi ce duel initié depuis plusieurs jours avec Clarisse Crémer (Banque Populaire X). “C’est la bagarre avec Clarisse ! Elle navigue bien, elle a un bon bateau qui va vite et je m’en méfie !” Dans cette zone qui sent bon le chaos, ils ne sont pas les seuls. Lundi, il disait voir “des dizaines d’oiseaux qui tournent autour du bateau, dont un albatros.” Ainsi va un marin qui progresse au cœur des mers du sud, ce territoire de l’ombre où les hommes sont à peine tolérés.