Rencontre avec Rachid AIT BOUQDIR, le responsable de la section féminine au club de la Croix Blanche Angers Football. Il revient sur la saison dernière avec la remontée en deuxième division nationale et nous fait un point sur la nouvelle saison avec les objectifs fixés. Enfin, il nous donne son avis sur le développement du football féminin dans son club, mais aussi sur le plan national. Entretien.
Bonjour Rachid, quel bilan faites-vous de la saison dernière ?
“On ne peut être que satisfait avec une remontée à la clef, en championnat de deuxième division nationale. Je pense que la descente, il y a deux ans, était un mal pour un bien, cela à permis de se poser les bonnes questions. Au niveau du groupe de joueuses, elles ont pris une grosse claque avec cette descente. Je pense qu’elle a été utile et bénéfique. Elle nous a servi dans notre remontée. Jouer au niveau régional, nous a permis de mieux appréhender le niveau national. Nous n’avions pas les meilleures individualités, mais on a tous été solidaire. Pendant les play-offs, les filles ont eu peur de l’inconnu et il a fallu travailler sur le mental. Ce que je peux regretter, c’est d’avoir été plus performant à l’extérieur, qu’à domicile, lors de la phase d’accession. Le plus dur a été de se dire, que l’on aurait huit gros matchs à jouer en play-offs et seulement quatre en championnat régional. D’ailleurs, être trop dans la facilité pendant le championnat, n’a pas forcément été le mieux pour préparer les matchs en play-offs, qui étaient logiquement plus relevés.”
Quels ont été les points forts de la Croix Blanche dans le cadre de cette montée ?
“J’ai eu la chance de compter sur un groupe assez large de joueuses, pour disputer les barrages et cela n’a pas été négligeable. Mon rôle a été d’effectuer une bonne gestion de l’effectif, afin de garder un maximum de fraîcheur physique et mentale.”
Justement, quel a été votre discours ?
“J’ai beaucoup travaillé sur le fait de responsabiliser les joueuses dans leur football. Dès le premier match de play-offs, on a travaillé sur l’aspect mental. La certitude, c’est ce que l’on a été plus fort physiquement. Ensuite, on a amené les joueuses à prendre leurs responsabilités sur le terrain. Les filles ont contribué aux principes de jeu de l’équipe. J’avais fixé comme objectif de jouer sur nos points fort offensifs, tout en prenant du plaisir sur le terrain, en épuisant notre adversaire avec l’utilisation du ballon. L’important était aussi de jouer sur l’impact physique.”
Quel est votre bilan, à titre personnel ?
“Globalement, je ne peux être que satisfait, car ce fut une bonne saison avec cette montée. Je vais entamer ma cinquième saison et j’ai signé pour prendre du plaisir avant tout. Il faut juste trouver l’équilibre entre le plaisir et l’exigence. Je pense qu’à travers ces années, j’ai acquis la capacité à fédérer autour d’un objectif commun et cela sans s’oublier. En tant que salarié du club, je dois aussi gérer la partie sportive, la partie administrative et la recherche de sponsors. C’est un gros travail, où faut savoir bien s’organiser. Cela demande des efforts et c’est parfois épuisant. En ce qui concerne, le côté sportif, les objectifs et ceux du club seront un bon maintien sans se faire peur et de continuer à travailler sur le mental, le physique et la technique. Et sur le long terme, de pérenniser le club en deuxième division nationale.”
Avez-vous évolué dans votre approche ?
“Disons qu’au départ, j’avais axé mon discours sur le mental et la tactique, puis, en observant le groupe me suis aperçu que je m’étais oublié sur l’aspect du collectif. J’ai donc dû travailler cet aspect, en créant un groupe soudé. Mon objectif a alors été de d’abord créer un collectif, puis travailler sur l’aspect tactique. L’idée pour acquérir et passer le cap du maintien, c’est d’inciter la joueuse à aider sa coéquipière. C’est hyper important. C’est ce que je disais précédemment, la cohésion de groupe. La seule certitude que j’ai, c’est que je suis un compétiteur et que j’ai envie que mon équipe progresse. Je suis aussi présent pour accompagner les joueuses dans leur activité professionnelle. C’est un travail au quotidien.”
Que pouvez-vous nous dire sur le développement du football féminin en France ?
“D’un point de vue sociétale, je dirais que le football féminin n’est pas vue de la même façon que le basket féminin ou le handball féminin par exemple. Je pense que le fédération devrait mettre plus de moyens financiers dans les clubs de football féminin, pour son développement. Le problème, c’est ce n’est pas à priori une priorité. On est même réglementé pour le nombre de sponsors sur nos maillots. Actuellement, il y a trop de contraintes pour évoluer. J’ai un sentiment de déception.”
A ce sujet, avez-vous des regrets ?
“Nous concernants, je dirais oui. J’ai pu constater la saison dernière, qu’avec notre descente en championnat régional, on avait été oublié par les journaux. On n’a jamais trouvé aucun compte-rendu dans le journal, mis à part pendant nos derniers matchs de play-offs. C’est décevant.”
Allez-vous, vous donner les moyens de développer votre communication au sein du club ?
“Déjà, nous avons recréé une page Facebook, qui va à nouveau développer notre communication sur les réseaux sociaux. Ensuite, avec la remontée de D2 national, les médias papiers vont revenir à nouveau nous voir. Il est important de communiquer avec la presse locale et sur les réseaux sociaux. Il faut qu’il y ait une vraie cohérence dans la communication.”
Quels vont être vos objectifs pour la saison qui arrive ?
“Déjà, je vais tâcher de créer une vraie cohésion de groupe, entre les joueuses de la saison dernière et les nouvelles recrues. On doit montrer que l’on est un club amateur avec un niveau d’exigence de haut niveau. Je sais que les filles joueront le jeu. Dès le départ, il faudra leur faire comprendre, qu’il faut être concentré et concerné du début à la fin et être à 100%, pendant les entraînements et les matchs. A ce titre, je vais tâcher de varier les activités et d’alterner entre le plaisir et la compétition. Cela sera un juste équilibre à trouver. Et puis, il y aura la gestion de la fraîcheur physique, en régulant le temps de jeu de chacune des joueuses. Cette saison, je pourrais me le permettre, car j’aurais à disposition, un groupe de vingt-cinq joueuses. Cela me demandera de bien connaître mes joueuses. Nous aurons trois entraînements par semaine, plus le match le week-end.”
Avez-vous des ambitions personnelles ?
“Je me donne la possibilité d’évoluer plus haut. Mon ambition avec les filles de la Croix Blanche serait d’être dans les trois meilleures équipes de deuxième division nationale et l’on va s’en donner les moyens. A titre personnel, je me vois rester au club sur le long terme, car j’aimerais développer un vrai pôle féminin sur Angers. Pour cela, il faudra des fondations solides, qui seront un gage de stabilité sur le long terme. Je ne me vois pas aller ailleurs, car je n’ai pas encore fini mon travail. Je souhaiterais créer une vraie structure de haut niveau. C’est un lourd projet, mais un challenge tellement passionnant. L’objectif final serait que le club soit un club formateur dans le football féminin. Mais pour cela, il faut être patient, car sans moyens financiers, difficile d’avoir de grandes ambitions.”
Pour finir, parlez-nous de votre recrutement, version 2017/2018 ?
“Pour cette nouvelle saison, j’ai six nouvelles recrues, mais je suis en contact avec d’autres joueuses. Je suis encore à la recherche d’une joueuse qui évolue au milieu du terrain. Je vais avoir à ma disposition, un groupe homogène et cohérent, avec quatre joueuses internationales. Cela va permettre de créer un peu plus de concurrence. Nous continuons à être à l’écoute de profils pouvant encore nous apporter un plus.”
Les recrues estivales pour la saison 2017/2018 :
Olesya ARSENIEVA : Gardienne de but, en provenance d’Yzeure.
Marine LANGE : Latéral droit, en provenance du Mans FC.
Marianna COUDE : milieu offensif, en provenance du stade Brestois.
Laure SUREAU : défenseur central ou milieu défensif, en provenance du Tours FC.
Rose ALAOUI : défenseur central, en provenance de Soyaux ASJ.
Agnès NKADA : attaquante, en provenance de Lorient FC.