Pour Tours, qui retrouve le trône trois ans après en dominant Chaumont, pour Béziers, sacré pour la première fois en battant Cannes, et pour Rennes, qui sauve sa peau en LAM en maîtrisant Narbonne, cette soirée à Coubertin aura le goût du bonheur.
Le rideau est tombé sur une saison 2017-2018, intense et belle. Ce samedi soir à Coubertin, entre mille émotions éternelles, un monument du volley français a retrouvé la lumière et des Anges se sont élevés au plus haut des cieux. Pour ce dernier acte, il y eut trois histoires, trois tranches de vie, radicalement différentes, mais toutes avaient le goût du bonheur.
En LAM, c’est un géant qui s’est éveillé. Plus sacré depuis 2015, Tours a conquis un septième titre de champion de France, en étouffant Chaumont (3-1). Passé le premier set, poussif et pas dans le tempo en termes d’agressivité, le TVB a fait parler son caractère et sa toute-puissance, avec notamment une performance en bloc-défense simplement remarquable, à l’image du match quasi-parfait de son libéro increvable, Hubert Henno, et de son central bulgare, Svetoslav Gotsev (17 points, dont six contres). «Je ne sais pas comment décrire ce que l’on ressent maintenant. On était très concentré, on voulait leur mettre une grosse pression. Après le premier set, on a vraiment fait notre match», expliquait Gotsev.
Remis à l’endroit en janvier, après avoir marché de guingois la première partie de l’année, le TVB, qui a semblé parfois possédé ce soir, termine donc superbement son aventure et Cédric Enard, son coach, avait l’âme fière de celui qui s’en va en ayant fait les choses bien. «Le premier sentiment, c’est de la fierté. Je suis fier de ce groupe-là, fier d’en avoir été le coach. En décembre, on ne faisait pas les malins. On y est arrivé, ce titre, on l’a», disait-il, droit dans ses mots. Désormais septuple champion de France, Tours a donc repris le bien à Chaumont, sonné par l’issue du soir, mais aussi par une saison au parcours honorable, mais qui s’achève tout de même sur deux finales perdues (Coupe et championnat). «Je ne peux pas être satisfait. Ce n’est pas une belle saison, on perd deux finales», constatait, sèchement, le patron du club chaumontais, Bruno Soirfeck.
Tours règne donc à nouveau, quand, en LAF, Béziers endosse pour la première de son histoire la robe d’une reine. Face au RC Cannes, qui les avait dominées au vécu il y a moins d’un mois en finale de la Coupe de France, les Angels, cette fois, ont relevé le défi. Avec une rage, une bravoure et une insatiable envie. Dans un duel intense physiquement et mentalement, Béziers fut le plus solide, le plus audacieux sur les points importants. Entre la partie phénoménale de Juliette Fidon (23 points dont six contres), le bras de Krystal Rivers (23 points) et le passage stratosphérique de la centrale américaine, Amber Rolfzen dans le tie-break (quatre contres !), Béziers a toujours eu la tête froide, à l’inverse de Cannes. «Je n’ai pas trop d’analyse, j’ai l’impression qu’on s’est laissé dépasser par l’événement. On ne s’est pas libérées, on a été trop irrégulières», tentait d’expliquer la centrale internationale, Myriam Kloster, désolée de ne pas avoir offert un titre pour le dernier match en carrière de Nadia Centoni.
Pour Béziers, ce premier titre est comme une consécration et l’éclatante confirmation que le club héraultais est un tout grand désormais. Pour Cyril Ong, c’est surtout un joli clap de fin. Après sept ans au club, l’entraîneur ne poursuivra pas l’aventure à Béziers. Il l’aurait pourtant aimé. «On me dit que c’est beau de finir ainsi, mais le mieux aurait été de rester», glissait-il, avec une petite pointe de rancœur. Reste maintenant au club à préparer la Ligue des Champions, des cieux prestigieux où les Angels de l’Hérault n’ont encore jamais volé.
Enfin, en finale de Play-Offs LBM, Rennes a sauvé sa peau dans l’élite. Avec autorité et la force de l’habitude. Revenus à Coubertin pour la troisième fois de suite, les Bretons ont dompté l’événement (3-0), quand Narbonne, lui, y est entré trop timidement, malgré treize succès de rang et une invincibilité en 2018 jusque-là ! Pour les Centurions, le match était mal lancé et ils ne s’en remettraient pas. «On n’est pas bien rentrés dans le match. On aurait dû l’attaquer avec plus de niaque, ça nous aurait peut-être apporté un supplément d’âme. C’est dommage», convenait l’entraîneur Tristan Martin.
Pour Rennes, en revanche, pas d’angoisse. Le job a été bien fait. «Je crois que l’expérience, l’habitude de ce rendez-vous a joué, notamment dans le premier set», expliquait l’entraîneur, Nikola Matijasevic. La fin de l’histoire est belle, notamment pour Kevin Le Roux et Xavier Kapfer, les deux grands bonhommes du match, qui jouaient hier leur dernière mélodie rennaise. Le premier fit mal à chaque fois qu’il passa au service. Le deuxième a terminé sa carrière sur une belle note (12 points), dans la foulée de Play-Offs magnifiques. Hier, pour sa der, Kapfer s’est amusé comme un gamin. Le sourire vissé, il a pris son pied. «Ce soir, j’ai joué pour m’amuser. S’arrêter sur des Play-Offs réussis, une mission accomplie et une finale gagnée, c’est génial», contait le futur agent de joueurs, bienheureux de terminer ainsi sa carrière en beauté.
Crédit photos : Eric MEILLAT – Flou2Rallye