La flotte engagée sur cette Route du Rhum – Destination Guadeloupe, est en quête de la meilleure voie pour atteindre les alizés. Une mission particulièrement délicate avec les passages de front successifs et les zones de molle sur le parcours qui obligent les marins à s’employer sans compter, tout au long de la journée. En Ultim 32/23, le spectacle offert par le trio de tête au cœur de l’archipel des Açores, est grandiose : si Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) est le premier à avoir touché le deuxième front à la mi-journée, Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) a repris sa place de leader qu’il avait perdu au bénéfice de François Gabart cet après-midi. Un véritable jeu de cache-cache autour des îles Sao Miguel et Santa Maria qui ressemble à s’y méprendre à un gigantesque match-race ! Bref, il n’a jamais fallu autant zoomer sur la cartographie pour être sûr de ne rater aucun épisode de cette Route du Rhum – Destination Guadeloupe, décidément exceptionnelle.
Si en tête des Ultim 32/23, le trio joue un tir groupé, la flotte éclate en revanche chez les Ocean Fifty entre les tenants d’une option plus Nord, dont Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en peloton – ARSEP), et les sudistes convaincus menés par Sébastien Rogues (Primonial). En IMOCA et en Class40, la zone de vent faible traversée dans la journée a resserré les positions en tête, même si Charlie Dalin (APIVIA) et Corentin Douguet (Queginer-Innoveo) conservaient leur position de leader. Mais pour eux comme pour leurs rivaux, les conditions s’annoncent à nouveau musclées en fin de journée avec un nouveau front à passer, plus virulent que le premier. Une fois traversé, ils pourront enfin filer vers le Sud et les alizés que les Ultim 32/23 devraient atteindre dès dimanche soir.
Ce qu’il faut retenir de la journée.
- A 17 heures, Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) a repris les commandes de la course en Ultim 32/23, perdues sur les deux classements de 12 et 15 heures au profit de François Gabart (SVR Lazartigue).
- Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI) a quitté Lorient, où il s’était amarré jeudi, afin de reprendre la course.
- Même si la flotte se resserre en IMOCA, Charlie Dalin (APIVIA) reste en tête.
- Le bateau d’Oliver Heer (Oliver Heer Ocean Racing) a été sorti de l’eau à Port-La-Forêt pour effectuer des réparations sous sa ligne de flottaison.
- Seulement vingt milles séparent les douze premiers en Class40, toujours menés par Corentin Douguet (Queginer-Innoveo).
- Keni Piperol (Class40) qui subit une voie d’eau à bord de Cap’tain Alternance, fait route vers La Corogne.
Ultim 32/23 : du rififi dans les Açores.
Ces dernières 24 heures, qui est tenté d’écrire « changement de leader », prend le risque de revoir sa copie l’heure suivante, tant le match est intense dans le trio de tête en Ultim 32/23 ! C’était pourtant bien François Gabart (SVR Lazartigue) qui prenait la première place au classement de 12 heures, tout occupé comme son dauphin du jour Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild), distant de quatre petits milles seulement, à retrouver du vent portant derrière le second front. Avec Thomas Coville (Sodebo Ultim 3) en franc tireur dans le Nord et tout ça en plein milieu de l’archipel des Açores, la scène est grandiose. Et au pointage de 17h00… c’est Charles Caudrelier qui reprenait la tête !
Ocean Fifty : La flotte éclate.
Encore groupé dans un rayon de cinquante milles hier, la flotte des Ocean Fifty s’est complètement dispersée avec deux inspirations nettes à l’approche du front. Les deux leaders Solidaires En Peloton – ARSEP et Arkema sont partis au Nord et devraient tirer les premiers le bénéfice de la bascule. Un autre groupe emmené par Sébastien Rogues (Primonial) est parti au Sud. En distance au but, l’écart est encore faible, mais les 140 milles qui séparent les deux bateaux les plus extrêmes en latitude auront nécessairement un impact sur la suite.
IMOCA : Regroupement général.
Alors que Charlie Dalin disposait en milieu de nuit d’un matelas bien confortable de 90 milles sur ses poursuivants, la zone de vents faibles pile sur le chemin de la flotte des IMOCA a redistribué les cartes. Résultat : un regroupement net et un élastique distendu derrière le skipper d’APIVIA, qui a perdu 50 milles, mais caracole toujours en tête devant une meute de chasseurs très compacte. « C’est presque un nouveau départ » lançait Kevin Escoffier (Holcim – PRB) à la vacation de l’organisation de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Ce soir, après ce deuxième front tonique, place à la bascule de vent au Nord-Ouest et donc aux allures portantes, le Graal tant attendu des foilers qui vont pouvoir s’exprimer pleinement avant de rejoindre les alizés.
Class40 : bataille de tous les instants.
Malgré le premier passage de front, la zone de molle et les conditions qui vont se durcir en fin de journée, il y a une constance en Class40 : la bataille est toujours aussi acharnée. Si Corentin Douguet (Queginer-Innoveo) imprime toujours le rythme en tête, ils sont douze skippers à se tenir en l’espace de vingt milles. Tous ont adopté une stratégie similaire, hormis Ambrogio Beccaria (Allagrande Pirelli) qui pointe à 20 milles en latéral au nord de Corentin Douguet. Loin de cette bataille de tous les instants, Emmanuel Hamez (Viranga) a dû se dérouter après avoir subi la casse de sa corne de grand-voile. De son côté, Keni Piperol (Cap’tain Alternance), leader jeudi dernier, a subi une importante voie d’eau qui l’oblige à faire route vers La Corogne.
Rhum Multi et Mono : Nord ou sud, deux salles, deux ambiances.
Le répit météorologique, annoncé ce matin, aura été finalement de courte durée pour la flotte des Rhum qui navigue au gré des fronts qui se succèdent. En Rhum Multi, ces conditions toniques obligent à être vigilants à bord de bateaux allégés donc beaucoup plus volages. Pour Brieuc Maisonneuve (CMA Ile-de-France – 60000 Rebonds), le plus septentrional des Rhum Multi, cette option, « c’est un peu le money time. Ce soir, on va retoucher le front en espérant qu’il ne soit pas trop violent. » Les quatre Golden Oldies (ACAPELLA – La Chaîne de l’Espoir, Moxie Bati-Armor, Happy, Château du Launay) ont choisi une route moins tumultueuse proche du Cap Finisterre.