La France dispute ce dimanche à l’AccorHotels Arena de Paris sa septième finale en Championnat du monde face à la Norvège, novice à ce niveau (17h30 en direct sur beIN SPORTS 1 et TF1). Favori de cet ultime match, le tenant du titre va néanmoins devoir se méfier d’un adversaire qui présente de redoutables arguments.
Le face-à-face
La finale du Championnat du monde 2017 sera le 50e face-à-face entre la France et la Norvège dans l’histoire du handball. Sur les 49 précédentes confrontations, la France présente le meilleur bilan, avec 29 victoires contre 17 pour la Norvège et 3 matchs nuls. Six de ces affrontements ont eu lieu dans le cadre du Championnat du monde. La Norvège a remporté les deux premiers, en 1958 (17-13) et en 1961 (13-12), puis a perdu les quatre suivants en 1993 (21-20), 1997 (23-20), 2011 (31-26) et le 15 janvier dernier en phase de groupes (31-28). A noter qu’aucun de ces six affrontements n’a eu lieu dans un match à élimination directe. On retiendra enfin qu’à domicile, la France reste sur huit victoires de rang contre la Norvège. La dernière victoire scandinave sur le sol français remonte au mois de décembre 1994 (24-19 en amical à Thionville). A l’époque, l’actuelle star de la Norvège Sander Sagosen n’était même pas encore née !
Ces statistiques défavorables n’empêchent pas les Norvégiens d’espérer, cette fois, une issue différente que pour le match de poule entre les deux équipes. “Nous avions prévenu après la phase de groupes que l’on rencontrerait encore les Français en finale… Et cette fois, nous allons les battre, lance ainsi le gardien Torbjörn Bergerud, héros de la demi-finale contre la Croatie (28-25 après prolongation). Ce sera un match différent, nous allons jouer pour la médaille d’or. La France aura beaucoup de pression et nous, nous sommes les outsiders.” Christian Berge et ses joueurs comptent également tirer les leçons de la défaite du 15 janvier dernier à Nantes. “Nous allons analyser notre match de poule pour voir ce que l’on peut améliorer, promettait ainsi l’ailier Kristian Bjornsen après la qualification en finale. C’est difficile de savoir comment jouer contre la France, elle a tellement de bons joueurs à tous les postes. C’est sans doute la meilleure équipe de tous les temps. Il n’y a pas de challenge plus difficile que d’affronter la France chez elle. Ça va être génial !”
Du côté français, on ne se hasarde pas non plus à penser que la victoire obtenue à Nantes constitue un gros avantage psychologique. “L’expérience prouve que quand on bat une équipe en poule et qu’on la retrouve après, ce n’est pas un avantage, parce que ça la galvanise, estime ainsi Valentin Porte. Depuis qu’on les a battus, les Norvégiens montrent un visage assez impressionnant, donc on va se méfier. Ils disent que la pression est sur nous, mais nous, nous avons l’habitude de ces moments-là. On est chez nous, on va la supporter, cette pression.” Cinq mois après leur défaite en finale des Jeux Olympiques face au Danemark, les Bleus ont également l’intention de prouver que cet échec les a fait grandir. “Au Brésil, nous avions manqué de rotations et donc de fraîcheur physique sur la fin, rappelle Valentin Porte. En demi-finale face à la Slovénie, on a vu que sur quinze ou vingt minutes, nous pouvions nous passer de “Niko” (Karabatic), de Daniel (Narcisse) et de “Titi” (Omeyer) en même temps, sans rien perdre en termes d’efficacité et de rythme. Et ça nous permet de les retrouver frais dans le money-time. Ce sont des signes qui ne trompent pas et cela peut faire la différence en finale.”
Les deux joueurs à suivre : Thierry Omeyer et Sander Sagosen
Homme de base des conquêtes françaises depuis le Championnat du monde 2001, Thierry Omeyer ne réalise pas, jusqu’ici, son meilleur tournoi avec les Bleus. A 34% de réussite depuis le début de la compétition, l’homme aux neuf médailles d’or internationales est même apparu en difficulté en quart de finale face à la Suède (2 arrêts seulement) et n’a pas disputé la demi-finale face à la Slovénie, à l’issue de laquelle son remplaçant Vincent Gérard a été désigné “homme du match”. Didier Dinart l’a cependant confirmé après la qualification : son gardien vétéran (40 ans) sera bien titulaire en finale. Et il y a de grandes chances qu’il y brille, sachant qu’Omeyer est devenu, au fil des années, un spécialiste dans l’art du rebond après une (ou des) contre-performance(s). Lors du dernier Championnat du monde au Qatar, il avait ainsi entamé le tournoi par deux matchs très moyens contre l’Egypte et la République Tchèque (22% d’arrêts cumulés), avant de spectaculairement redresser la barre et finalement d’être élu MVP du tournoi après le sacre français. Après avoir débuté le Championnat du monde 2017 par un match de rêve contre le Brésil (14 arrêts à 67% en 28 minutes de jeu), Omeyer le terminera-t-il de la même façon ?
La France aura en tout cas absolument besoin d’un gardien performant pour stopper la principale arme offensive norvégienne, le prodige Sander Sagosen (21 ans). Révélé lors de l’Euro 2016 en Pologne, dont il avait été élu meilleur demi-centre, le futur joueur du PSG a fait mieux que confirmer à l’occasion de ce Championnat du Monde. Match après match, Sagosen s’est tout simplement affirmé comme le meilleur attaquant du tournoi. Premier au classement des passes décisives (41) et sixième au classement des buteurs (40), le génial demi-centre domine le classement combiné (81 points) et dégage une épatante impression de facilité. Candidat plus que crédible au titre de MVP de ce Championnat du monde 2017, Sagosen constituera assurément le danger numéro 1 pour l’équipe de France ce dimanche.
L’œil de Jérôme Fernandez, ambassadeur phénoménal
“Les Norvégiens ont déjà fait leur boulot en étant en finale, ils vont rentrer sur le terrain sans aucune pression sur les épaules car ils ont d’ores et déjà réussi leur Championnat du monde. Ils ne sont pas favoris, certes, mais la pression est davantage sur les Français. Les Norvégiens connaissent très bien les Français, ils les ont joués un paquet de fois ces derniers temps, donc je m’attends à un match équilibré. L’ambiance va compter, comme depuis le début : dans les moments difficiles, le public a énormément aidé l’équipe de France à se sublimer et à se sortir des pièges dressés sur sa route. Je pense que le facteur public va être déterminant sur l’issue de cette finale.”