Âgée de cinquante ans, Catherine THOMAS-PESQUEUX fait aujourd’hui partie des plus fortes de sa catégorie d’âge, soit Master 3. Elle qui a longtemps préféré les sports collectifs étant plus jeune, s’est découvert une nouvelle passion à l’âge de quarante ans : la course à pied. Elle nous raconte ce changement de sport, cette prise de dimension, ainsi que tout un tas de choses autour de sa pratique de cette discipline si singulière.
Bonjour Catherine, pour commencer, à quel âge avez-vous commencé la course à pied ?
“J’ai réellement commencé la course à pied de la façon que l’on connaît actuellement, à la veille de mes quarante ans, à trente-neuf ans pour être exacte. Mais sinon, j’avais déjà commencé, à l’âge où j’étais au collège, à courir par-ci par-là, pour compléter les équipes de course, notamment sur les cross. À l’époque, je dois dire que je n’aimais pas trop la course à pied, j’étais plus dans les sports collectifs, et spécialement le basket.”
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce sport et pas un autre ?
“J’ai arrêté les sports collectifs parce qu’avec les enfants, cela devenait dur à gérer au niveau du planning. J’ai donc commencé à (re)faire du tennis (j’en avais déjà fait un peu étant plus jeune), juste avant de faire de la course à pied en 2010. J’ai rapidement pris vite du plaisir, mais d’autant plus lorsque les matchs étaient longs. Je n’étais pas très technique, mais je courais beaucoup, j’allais même jusqu’à chercher les balles ! Mais le problème résidait dans le fait que je perdais contre des gens qui n’étaient pas forcément très bons, et on m’a donc dit que la course ça pouvait être bien pour moi, que ça pouvait me correspondre, notamment mon mari, qui le premier m’a encouragé à m’y mettre et arriver à faire des courses sympas. Au collège, sans véritables entraînements, j’arrivais à aller aux championnats de France, et maintenant que j’y repense, c’est vrai que je devais avoir des prédispositions, même pendant ma pratique du handball finalement. Je suis quand même fière d’être allée aux championnats de France, c’était plutôt sympa d’y aller sans trop s’entraîner, mais c’est vrai que les cross, c’était super dur ! Ça n’était pas du tout la même douleur qu’au handball, en ce qui concerne le niveau dans lequel je pratiquais.”
Qu’est-ce qui vous motive au quotidien pour courir ?
“Je pense que c’est de se fixer des objectifs. D’aller sur des courses, d’aller chercher un record, un titre de championne de France, mais à tous les niveaux en fait. Je pense que si l’on n’a pas d’objectifs, quels qu’ils soient, que ce soit la santé, la perte de poids, le bien-être… Moi, c’est surtout le fait d’être bien après la course, d’être encore compétitrice à mon âge, d’aller chercher des records, de pouvoir encore performer…”
Quelles sont les valeurs que vous aimez dans ce sport ?
“Je vais surtout retenir que, ce qui est particulier dans ce sport, c’est que lorsque l’on a sa qualification pour des championnats de France, par exemple chez les femmes, on prend le départ à côté de personnes qui vont aller aux Jeux Olympiques quoi ! On voit des grand(e)s champion(ne)s qui sont hyper accessibles, et on peut discuter tranquillement avec eux avant ou après l’effort, c’est avant tout du partage ! Et c’est quelque chose qui n’existe pas dans certains sports, c’est pour ça que j’aime aussi la course à pied. Il y a aussi beaucoup de respect, quels que soient les chronos réalisés et le niveau de chacun.”
Qu’est-ce qu’Inaya Ahtlétisme, le club dans lequel vous êtes licenciée, depuis quelques années ?
“J’y suis entrée lorsque j’ai rencontré une connaissance lors d’une course, qui m’a proposé de rejoindre ce club Inaya Athlétisme. C’est un club sportif et solidaire, et à chaque victoire des licenciés du club, des mécènes s’engagent à mettre 50€ pour l’association Lame de Joie, et ainsi profiter aux personnes en situation de handicap ou amputés d’une jambe, afin de financer une lame de carbone pour courir (environ 2500€ par lame). Il y a donc forcément une motivation supplémentaire quand vous allez courir, pour soutenir tout ça.”
Comment arrivez-vous à gérer le stress, la préparation mentale sur vos courses ?
“Aujourd’hui, c’est un peu plus facile, en toute humilité, quand on arrive à faire l’objectif que l’on s’est fixé sur une course, de gérer son stress. Parfois, quand on y pense, il y en a, forcément, notamment parce qu’avant, j’avais peur de décevoir autour de moi, mes proches. Maintenant, c’est quelque chose que j’arrive à gérer, je relativise pas mal là-dessus. Je me dis que maintenant, aujourd’hui, tout ce que je fais, c’est du bonus, c’est du plus comparé aux années précédentes, surtout avec un corps qui vieillit. Depuis quelques années, je cours de moins en moins : il faut accepter de perdre des secondes et arriver à prendre du plaisir. Comme on dit à notre niveau, chez les seniors : « Ne pas perdre des secondes, c’est déjà progresser ». Il faut aussi savoir regarder dans le rétro, non pas de manière nostalgique, mais plutôt de se dire que c’était chouette ! J’ai pris un peu plus du recul maintenant concernant mes résultats, puisque ça fait maintenant dix ans que je cours à ce niveau.”
Est-ce que vos podiums internationaux en 2015 sont les meilleurs souvenirs de votre carrière ?
“En 2015, effectivement, je suis allée sur les championnats du monde en France, sur un format qui n’était pas trop couru, à savoir le 10000m sur piste. J’étais pas mal préparée à cette course, et, au vu de la liste de départ, je savais qu’il y avait quelque chose à faire. Certes, c’est très bien d’avoir pu gagner cette course, mais il faut aussi relativiser cette victoire, parce que les athlètes kényanes, entre autres, ne courent plus à cet âge-là. Mais j’aimerais revenir sur les championnats d’Europe à Braga (Portugal) en 2022, où j’ai réussi à aller chercher une deuxième place, sur cross-country et sur 10000m piste. Ces deux médailles sont survenues après la période de la COVID-19, mais surtout après une blessure. Je suis très contente d’avoir pu réaliser ce que j’ai fait sur ces évènements, c’est une belle revanche sur la vie !”
Quels sont vos prochains objectifs, en sachant que vous allez participer à La Grammoirienne le 8 juin prochain ?
“Normalement, effectivement, si tous les voyants sont au vert, je vais participer à La Grammoirienne, pour le plaisir, parce que c’est une course locale. L’objectif premier de la fin de saison, c’est de ne pas se blesser ! Parce qu’actuellement, j’ai fait le record du 5km, et je suis championne de France de 10km dans ma catégorie, soit Master 3, mais il faut que j’ai cinquante ans pour que ces records soient pris en compte ! C’est une règle, c’est comme ça : il faut que j’ai l’âge exact dans ma catégorie pour que ces records soient validés. J’en ai d’autres à aller chercher, comme celui du 3000m piste en salle, et celui du 10000m !”