Reconnu à l’international pour son parcours jalonné de nombreux sites et monuments historiques, le marathon de Rome fait partie des grandes courses en Europe. A l’occasion de la trentième édition, qui s’est déroulée dimanche matin, nous sommes partis à la rencontre de Jean-Michel BOURDEAU, qui nous fera partager son expérience sur cette épreuve sportive, qui s’est avérée difficile physiquement, même si ton objectif était de franchir la ligne d’arrivée quoi qu’il arrive.

Bonjour Jean-Michel, comment vous est venue l’idée de participer au marathon de Rome ?

« L’idée est venue avec des collègues de travail de participer au marathon de Rome, deux ans, après celui de Paris. Cela nous a demandé une certaine préparation physique durant plusieurs mois. C’était aussi un défi personnel et de savoir si je serais capable de le terminer, même si ma préparation a été compliquée à cause de mes problèmes de genou. »

Comment s’est déroulé votre déplacement à Rome avec vos collègues de travail ?

« Nous sommes partis vendredi après-midi, de l’aéroport de Nantes et nous sommes arrivés dans la soirée, sous un temps romain assez gris. »

Qu’avez-vous fait la veille du marathon ?

« Samedi matin, nous avons effectué un footing en endurance fondamentale. Puis, nous nous sommes baladés dans Rome, afin de visiter un peu les environs. On a visité en bus les quartiers de Rome, puis on a fait un retour tranquille à l’appartement. Je n’avais pas encore le stress de la course à ce moment-là. Et puis, en soirée, nous avons regardé le match du tournoi des six nations, en rugby, entre l’équipe de France et l’Ecosse, que nous ne voulions pas manquer. »

Comment étaient vos sensations, la veille de la course ?

« Au départ, les sensations étaient plutôt bonnes. J’ai pu tester ma cuisse lors du footing en espérant que cela tienne, le jour de la course. La course tranquille du matin a révélé que j’avais toujours cette gêne à la cuisse, mais qui était supportable. Donc, j’ai repris confiance en moi. »

Avez-vous eu un stress particulier avant de dormir ?

« Disons que j’étais plus stressé, en fin de journée, en attendant les résultats de football de ma fille, qui évolue en championnat régional U18 avec la Croix Blanche Football. J’avais aussi mes deux équipes seniors qui jouaient, ce samedi soir, avec en particulier mon équipe première à Méral-Cossé (défaite 1-0). Ensuite, j’ai essayé de bien me reposer pour être en forme, le dimanche matin. »

A quelle heure était votre départ du marathon ?

« Le départ du marathon était prévu le dimanche à 8h30. »

Avez-vous pris du plaisir à participer au marathon et racontez-nous en détail le déroulé de votre course ?

« Franchement, je n’ai pris aucun plaisir avec mes douleurs physiques, mais la seule chose que je voulais, c’était de le terminer. C’était mon seul objectif. Dès le départ, j’ai eu mal au ventre. J’ai failli me tuer après quelques kilomètres, où je me suis pris un sac-poubelle dans les jambes que le public avait jeté sur le parcours. Ensuite, j’ai dû m’arrêter au quinzième kilomètre. Puis, j’ai eu des crampes aux mollets et aux cuisses, à partir du vingtième kilomètre et jusqu’à l’arrivée. Entre-temps, je me suis arrêté pour boire, manger et m’étirer. »

Vous aviez perdu vos gels, afin de vous alimenter durant le parcours ?

« En effet, au départ, j’avais perdu un gel pour prendre des forces. Donc, ce fut hyper compliqué. Par contre, mon genou à tenu, mais les chaussures n’étaient pas adaptées, car j’ai eu mal sous la plante des pieds, à partir du dix-septième kilomètre. J’ai été obligé de marcher et de m’arrêter. Pourtant, je m’étais interdit de marcher, sauf si je n’avais plus le choix. La course a été sur ce tempo jusqu’au bout. Ce fut difficile mentalement. J’avais mon téléphone avec moi. J’ai appelé ma femme et mes enfants, afin qu’ils m’aident à me rebooster. Et puis je suis reparti. De toute façon, j’avais décidé de franchir la ligne d’arrivée quoi qu’il arrive. Au final, je suis hyper content, car je l’ai fini. J’ai franchi la ligne d’arrivée en prenant mon temps. Je termine en 4h16. J’avais fait 3h45 au marathon de Paris. Là, il s’est mis à pleuvoir à un moment donné. Il y avait aussi des pavés. Pour le genou, ce n’est pas idéal. Franchement, pour le chrono réalisé, je m’en fiche un peu. Ce qui était important pour moi, c’était que je le termine. L’objectif est donc atteint. De plus, je suis vivant, je suis debout, je peux marcher et c’est tout ce qui compte pour moi. Maintenant, je savoure, j’ai eu une belle médaille autour du cou et j’ai pu profiter de l’instant présent. »

A mi-parcours, cela a vraiment été compliqué avec l’arrivée des crampes ?

« C’est exactement cela, au vingt-cinquième, lorsque j’ai commencé à m’arrêter et que les crampes sont arrivées de partout, je me suis dit que je n’allais pas pouvoir le terminer et que dès que j’allais repartir, j’allais à nouveau avoir des crampes, pour finir par me claquer et ne plus pouvoir marcher. Et du coup, que la course à pied allait être terminée pour moi… Mais j’avais promis à trop de monde que j’allais finir ce marathon, je ne pouvais pas abandonner. De toute façon, ce n’est pas dans ma nature. Et ceux qui me connaissent le savent, que cela soit du côté professionnel, personnel et dans le football, il était hors de question que j’abandonne et que je ne termine pas cette course. Et pour que les gens sachent, j’ai franchi la ligne d’arrivée en marchant. Je ne voulais pas la franchir en courant, vu que j’avais marché sur une bonne partie du parcours. Je ne trouvais pas logique et légitime que je la franchisse en courant. Même si j’ai couru sur les deux derniers kilomètres, la dernière ligne droite, je l’ai effectué en marchant. »

Au final, vous avez tout de même fini les derniers kilomètres dans de bonnes conditions ?

« Oui, sur les deux derniers kilomètres, j’étais plutôt bien, car je les ai faits en courant et sans m’arrêter. Ce n’est que dans la dernière ligne droite, que je me suis dit que je pouvais marcher pour profiter un peu, en plus, il faisait beau. Je suis arrêté un peu avant la ligne d’arrivée. Je voulais appeler mes proches, mais cela ne captait pas pour faire des vidéos. Au final, ce fut une belle expérience, où j’ai réussi à terminer mon deuxième marathon dans de bonnes conditions, même si ce n’était pas gagné au départ. »