Président de la Fédération Française de Volley depuis 2015, Eric Tanguy a été réélu pour un nouveau mandat de quatre ans. L’occasion pour lui de revenir sur le bilan de la précédente mandature et de présenter les grandes lignes de la nouvelle.
Quel bilan faites-vous des quatre ans passés ?
“Le bilan est extrêmement positif, d’abord parce que nous avons eu la particularité d’avoir deux Jeux Olympiques dans cette période de quatre ans, qui se sont soldés par deux médailles d’or, ce qui est un résultat extraordinaire pour le volley français et a fait passer notre fédération dans une autre dimension. Avec une augmentation du nombre de licenciés, auxquels ces résultats ont évidemment contribué, tout comme l’ensemble du travail de structuration qui a été fait par nos clubs et nos territoires, ce qui fait qu’aujourd’hui, nous avons largement dépassé le cap des 200 000 licenciés, ce qui n’était jamais arrivé. Aujourd’hui, on peut dire que le volley-ball est devenu un sport reconnu, avec une grosse exposition à la télévision, nous sommes par exemple le premier sport diffusé en nombre d’heures sur la chaîne Sport en France, les matchs de nos équipes de France féminine et masculine en Volleyball Nations League ont quant à eux été diffusés en clair sur la chaîne L’Équipe.”
Toutes les équipes de France ont beaucoup progressé lors de ces quatre ans passés, pas uniquement les désormais doubles champions olympiques ?
“Tout à fait, cette année 2024 est d’ailleurs une véritable année de consécration pour notre Fédération, avec, outre le deuxième titre olympique des hommes, ce que seuls les Etats-Unis et l’ex URSS avaient réussi jusqu’à présent, le grand chelem de nos équipes de France jeunes masculines, sacrées championnes d’Europe en U18, U20 et U22, et la première participation de l’équipe de France féminine à la Volleyball Nations League et aux Jeux Olympiques, au cours desquels nos joueuses auront montré un beau visage. Il faut souligner les progrès de nos Bleues lors de ces quatre ans, puisqu’elles ont remporté en 2022 la Golden European League, premier titre de l’histoire du volley féminin, et l’année suivante la Challenger Cup ce qui a permis d’accéder à la VNL cette année. Et en 2025, elles disputeront les Championnats du monde pour la première fois depuis 1974. Je n’oublie pas nos équipes de France de beach-volley qui ont réussi à obtenir pendant cette olympiade des résultats significatifs, avec des premières victoires sur le Beach Pro Tour, le circuit international, celle de notre équipe masculine en juin dernier sur la Nations Cup (ex Continental Cup) et la qualification de nos quatre duos pour les Jeux Olympiques, ce qui était une grande première. Donc sportivement, toutes nos équipes ont progressé au cours de ces quatre ans et je veux aussi citer celles de volley assis qui ont disputé les Jeux pour la première fois et ont enchaîné derrière en décrochant des médailles internationales sur la Silver et Bronze Nations League.”
La pratique du volley a-t-elle aussi évolué au cours de ces quatre ans ?
“Oui et cela contribue à l’augmentation du nombre de licences, avec un nouveau public qui n’est pas forcément attiré par la compétition pure et dure, mais par le côté ludique et collectif du volley, entre le soft volley, le volley santé, le volley assis, le lancement du volley outdoor, né après le Covid. Aujourd’hui, cette dynamique est loin d’être terminée et nous espérons très prochainement passer la barre des 250 000 licenciés, ce qui serait exceptionnel.”
Qu’en est-il du budget de la Fédération Française de Volley ?
“Là encore, il a énormément progressé, puisqu’il a été multiplié par deux en quatre ans, pour atteindre aujourd’hui 16 millions, contre 8 millions. Cette augmentation s’explique bien évidemment par la croissance continue du nombre de licenciés, mais également par le travail de nos équipes marketing qui nous ont permis de multiplier par quatre les recettes liées au sponsoring, passées de 500 000 euros à 2 millions. Ce dynamisme se retrouve aussi au niveau du nombre de clubs, nous sommes retournés à un nombre de clubs que nous n’avions pas atteint depuis une vingtaine d’années, de l’ordre de 1500 aujourd’hui. Toute cette structuration s’est accompagnée par l’achat d’un nouveau siège, inauguré en mai à Créteil, qui correspond plus au standing de la Fédération. Aujourd’hui, la FFvolley a atteint une certaine maturité, elle est plus prête que jamais à se lancer dans de nouveaux défis et de nouveaux projets.”
Vous venez d’être réélu pour un mandat de quatre ans, pourquoi avez-vous souhaité vous présenter de nouveau ?
“D’abord parce que j’ai le sentiment que le travail n’est pas terminé, il y a encore beaucoup de choses à faire pour poursuivre cette dynamique positive et les défis sont élevés, avec en ligne de mire les Jeux de Los Angeles en 2028 sur lesquels notre objectif sera d’installer durablement le volley dans cette logique de performance. Je pense aussi que ma succession n’était pas tout à fait prête, notamment suite au décès de Pierre Mercier, qui aurait pu être mon successeur. Ce sera donc mon troisième mandat, mais aussi mon dernier, je vais m’atteler pendant les quatre ans à venir à ce que la transition avec mon successeur, homme ou femme, se passe du mieux possible.”
Quels sont les objectifs que vous vous fixez pour ce mandat qui s’achèvera donc fin 2028 ?
“Ils sont nombreux, la feuille de route que nous avons élaborée les décrit : une ambition élevée pour les Jeux Olympiques de Los Angeles, à la fois pour nos hommes et nos femmes, et je me réjouis de l’arrivée d’un nouveau sélectionneur pour ces dernières, Cesar Hernandez, qui va continuer à les accompagner dans leur progression ; dépasser la barre des 250 000 licenciés et des 1500 clubs ; terminer le plan Ambition 2028 avec les 250 équipements que nous nous nous sommes engagés à construire entre 2022 et 2028, aujourd’hui, nous en sommes à la moitié ; continuer à développer d’autres formes de pratique, comme le soft volley, une pratique peu traumatisante qui peut s’adresser au monde de l’entreprise et aux seniors, mais également les pratiques outdoor ; développer la pratique en Outre-Mer, avec un plan vraiment ambitieux, sachant que nos départements, régions et collectivités d’Outre-Mer sont un important réservoir de licenciés ; poursuivre la structuration de nos offres de formation qui sont un outil indispensable de développement du volley-ball, y compris pour les dirigeants ; mettre en place une politique de bonnes pratiques au niveau de la gouvernance, en se préservant notamment des risques de conflits d’intérêt ; continuer la lutte contre toutes formes de violences, physiques ou sexuelles, un fléau qui touche tous les sports. Je suis enfin en train de négocier avec la FIVB un contrat pour accueillir en France la Volleyball Nations League trois années consécutives, de 2026 à 2028.”
Nouveau mandat, cela veut-il dire nouvelle équipe ?
“Oui, il y aura effectivement une nouvelle équipe, 100% paritaire, avec autant d’hommes que de femmes, et l’arrivée de nouveaux élus et notamment de jeunes dirigeants, parce que, comme je le disais, il faut préparer l’avenir et donc assurer le renouvellement avec des élus qui, j’espère, seront les principaux cadres de la Fédération à l’avenir.”