Rencontre avec Valentin REY, coach de l’équipe senior féminine, au sein du club de la Croix Blanche d’Angers. Il nous évoque leur première saison en D3, et les objectifs au vu de la saison prochaine.

Bonjour Valentin REY, pouvez-vous, vous présenter, votre parcours, depuis combien de temps, vous êtes le coach de l’équipe féminine ?

« Alors, je m’appelle Valentin REY, j’ai 30 ans, cela va faire un peu plus de 10 ans, que je suis salarié du club de la Croix Blanche. C’est ma troisième saison sur le banc de l’équipe D3 féminine. Auparavant, j’ai été joueur, j’ai commencé le foot à la Croix Blanche, après j’ai joué au SCO, je suis revenu à la Croix Blanche. Mais je suis parti ensuite jouer à Tiercé, et puis j’ai fini en tant que joueur-entraîneur à la Croix Blanche. »

Concernant votre saison, vous avez fini 9ème du championnat de D3, sur 12, ainsi vous vous maintenez, quels étaient vos objectifs en début de saison ?

« L’objectif était de se maintenir le plus tôt possible, parce que c’est un groupe qui n’avait pas vécu le niveau National, très peu de joueuses sur quelques matchs. L’idée était donc de se maintenir ! On ne savait pas trop à quoi s’attendre, car c’était la création d’une nouvelle division (D3). Il y avait des équipes qui descendaient de D2, et il y avait toutes les meilleures équipes de régional 1 qui intégraient cette division-là. C’était vraiment le maintien en premier temps, et ensuite découvrir le niveau. »

Vous êtes plutôt satisfait des résultats de la saison ?

« Alors, oui plutôt satisfait de s’être maintenu, après je pense qu’on aurait pu être maintenu bien plus tôt dans la saison ! Après plusieurs échanges, avec les joueuses en fin de saison, on a vu qu’on aurait pu prendre des points sur différents matchs notamment sur des matchs nuls. On a perdu 6 points sur les coups de pieds arrêtés dans les dernières minutes, sur 3 matchs différents, donc ça, c’est le point négatif ! Cela signifie qu’on aurait pu être quasiment maintenu depuis avril. Mais c’est tout de même, très satisfaisant d’être maintenu sur un niveau National. »

Et concernant la coupe de France, vous avez perdu au deuxième tour fédéral, contre le Stade Brestois, une équipe qui évoluait dans votre poule. Quel bilan faites-vous, étiez-vous frustré de cette défaite ?

« On est frustré oui et non, car c’est une équipe qui termine quand même 2ème du championnat. Après les avoir joués 3 fois de la saison, c’est une des équipes qui jouent le mieux au sein du groupe. Quasiment toutes les joueuses de Brest sont parties en fin de saison, vers des clubs de D1 ou D2, ça montre la qualité de l’effectif. Donc oui frustré, de perdre contre une équipe du même niveau. Mais c’est tout de même, une équipe qui était sur le haut de tableau, et qui n’était pas forcément dans la division dans laquelle, elle méritait d’être. C’est une frustration sans l’être ! »

À propos de la saison prochaine, comment vous l’envisagez ? Est-ce que vous serez toujours le coach de cette équipe ?

« Oui oui, je serai toujours le coach la saison prochaine, j’ai atteint mes objectifs, donc le club m’a reconduit dans mes fonctions. Je travaille depuis avril sur la saison prochaine, notamment le recrutement. »

Justement, concernant le recrutement, est-ce que déjà, vous avez beaucoup de départs au sein de votre effectif, et comptez-vous beaucoup recruter ?

« On va garder une grosse majorité de notre effectif, et on va rajouter de la plus-value avec des joueuses de l’extérieur. Concernant les départs, on a juste 1 ou 2 joueuses, qui vont temporairement arrêter pour des projets personnels, et qui reprendront en cours de saison. Mais sinon, on n’a pas de départs majeurs sur le groupe de cette année, c’est le point positif ! Autrement, on a déjà 5 joueuses qui nous rejoignent, et on est encore actuellement dans l’attente de réponses de plusieurs joueuses. Ce sont des joueuses qui soient, jouent les barrages, ou alors sont dans l’attente de différents projets d’équipes à des niveaux supérieurs. J’attends donc encore leurs réponses. »

Ainsi, quels sont les objectifs attendus de la saison prochaine ?

« On va essayer de viser un peu plus haut au classement, être dans le top 7, cela serait bien ! Et après, un parcours en Coupe de France va être un objectif aussi. »

Quelle préparation vous avez mise en place pour être prêt pour la saison prochaine ?

« Comme chaque année, on a une préparation qui va commencer dès juillet, on a notre dernière séance d’entraînement ce soir. Puis, on a notre réunion de fin de saison, la semaine prochaine. Après, on va laisser les joueuses tranquilles, au repos total pendant 2 semaines. Et ensuite, elles auront un programme qui va commencer début juillet, pour une reprise d’entraînement, le 25 juillet. »

Concernant vous, maintenant, est-ce que c’était une demande, une envie de votre part de coacher des féminines ? Comment vous êtes arrivé à coacher cette équipe ?

« Alors, j’ai eu à plusieurs reprises le rôle d’adjoint durant ma carrière d’entraîneur, la dernière fois, c’était il y a 4 ans. Le coach qui était en place avait arrêté, j’ai ainsi pris sa place dans une suite logique, et notamment à la demande des joueuses. Et de là, je me suis structuré, j’ai travaillé, j’ai beaucoup échangé avec les filles, sur leurs besoins, leurs attentes. J’ai également discuté avec différents coachs, avec la fédération pour me former au mieux. »

Et c’est aussi une volonté du club de la Croix Blanche de développer le sport féminin ?

« Oui, tout à fait, on est le club historique du département au niveau du féminin, on est le plus gros club, avec le plus gros nombre de licenciés. Nous, c’est dans notre continuité de former les joueuses à chaque fois, pour qu’elle puisse terminer au niveau National. »

Il doit donc avoir des joueuses qui sont dans l’effectif senior, et qui ont débuté au sein du club, dans les équipes plus jeunes ?

« Oui, on a plusieurs joueuses ! On a notamment une joueuse, qui est même éducatrice et joueuse au club, et qui est dans nos effectifs depuis la catégorie U13. C’est même une des joueuses, qui a eu, le plus de temps de jeu, cette année, au niveau national ! »

En terme plus général, comment vous voyez le développement du sport féminin, et notamment le football féminin, qui est de plus en plus médiatisé ? 

 » Je pense qu’à l’image de plusieurs clubs, il y a eu des gros investisseurs financiers qui se sont mis sur ce développement-là, car il y a une rentabilité à avoir, au vu de la médiatisation. Mais, il n’y a pas toujours eu que des bonnes personnes bien intentionnées, qui se sont mises dans le football féminin, on a vu l’exemple cette année, sur plusieurs équipes en D2 et D3. Après, ce sont les projets qui vont faire avancer les choses, ce n’est pas en mettant de l’argent uniquement, que les choses vont se structurer. La création de la seconde ligue, et de la première ligue Arkema, vont permettre d’avoir des coups de projecteurs sur la professionnalisation. Mais maintenant, c’est qu’est que cette ligue-là, va apporter au football amateur. Parce que là, c’est très bien, ça va structurer les choses tout en haut, mais on sait aussi également, que le sport féminin n’a pas la même rentabilité, que chez les garçons. Au niveau notamment, du pouvoir d’attrait, des sponsors, des subventions, on est à des années-lumière de tout ça ! Nous, on a une volonté de professionnaliser un peu plus nos joueuses, mais pour l’instant, on ne peut pas, par manque de moyens. On cherche au maximum des ressources, pour nous accompagner dans nos projets. Maintenant, on va beaucoup attendre de la fédération et de cette ligue professionnelle, pour nous accompagner, pour nous permettre d’avancer ! »

Parce que là, actuellement, aucune de vos joueuses sont professionnelles ?

« Non, aucune joueuse n’est payée à jouer au foot, mais par contre on a exactement le même rythme que des clubs professionnels. Quand, je parle de club pro, je ne parle pas de club pro masculin. Ça peut-être aussi des clubs comme Fleury ou autres, qui sont dans la D1/D2, et qui ont vraiment des filles qui sont payées, et qui peuvent vivre du football. Même en D1, on voit qu’il y a des filles qui ne sont pas salariées à plein temps, elles ont un travail à côté ! »

Ainsi, ça doit être compliqué de jongler entre son métier et les nombreux matchs de la saison ?

« Oui, c’est ça, bah alors les matchs, c’est une chose, mais le nombre de séances d’entraînement, les déplacements, c’est beaucoup de temps de travail. Il faut ajouter à ça, les temps de récupération, les horaires où elles sont contraintes de jouer, c’est complexe de devoir allier tout ça ! Nous dans notre championnat, on peut aller à Roubaix, Brest, Troyes, c’étaient nos plus grands déplacements. On part sur 2 jours, on part le samedi matin, et revient dans la nuit de dimanche à lundi. Certaines filles travaillent le samedi, faut qu’elles décalent leur journée, qu’elles puissent avoir potentiellement leur lundi matin, c’est complexe ! On jongle avec tout le monde pour faire au mieux ! »

Pour conclure, les joueuses ont combien de séances d’entraînement par semaine ?

« Nous, on a entre 4 et 6 séances par semaine, plus le match. On a, aussi des joueuses qui sont sur Nantes et Le Mans, on doit donc adapter leurs semaines, elles ne viennent que 2 fois par semaine à Angers. On leur trouve des clubs dans leurs villes respectives pour qu’elles puissent s’entraîner le reste de la semaine, c’est aussi ça la complexité ! Après celles qui veulent évoluer en D3, faut qu’elles fassent au moins les 4 séances dans la semaine, pour une question de niveau, mais aussi de protection de la joueuse ! Au niveau où on est, forcément, les impacts ne sont pas les mêmes. Alors, si on n’a pas les charges de travail qui vont en adéquation avec le niveau, c’est plutôt des blessures qui vont arriver, plus que les contre-performances. »