La 107ème Tour d’Italie s’est achevé dimanche dernier à Rome, au terme de trois semaines de compétition intense, et de 21 étapes disputées. Si la victoire de Tadej POGACAR ne faisait aucun doute avant, et pendant le Grand Tour, d’autres évènements nous ont interpellés durant la course. L’heure de faire le bilan du premier Grand Tour de la saison a sonné.
Que retenir de ce Tour d’Italie 2024 ? L’outrageuse domination de Tadej POGACAR, avec six étapes et une avance de presque dix minutes au Classement Général ? Les belles performances des Français au cours des trois semaines ? Les 3 étapes pour Tim MERLIER et Jonathan MILAN au sprint malgré des finals houleux ? Ou encore les organisateurs qui n’arrivent pas à prendre de bonnes et claires décisions pour les coureurs ? Voici toutes les questions que nous allons traiter dans cet article.
La victoire finale de Tadej POGACAR : entre questions et prévision
Prévisible. Voilà le mot qui vient à l’esprit à l’idée d’évoquer la victoire finale du Slovène de 25 ans au Classement Général final de ce Giro 2024. Au vu de son début de saison, et de ses victoires aussi faciles que déconcertantes, à la fois sur les Strade Bianche le 2 mars dernier, sur sa première course de la saison, où il était parti à plus de 80 kilomètres de l’arrivée, que sur le Tour de Catalogne (fin mars) et Liège-Bastogne-Liège, le 21 avril dernier, où il avait également fait un raid solitaire impressionnant. On en attendait donc pas moins de la part du protégé de la UAE Team Emirates d’écraser ce Tour d’Italie. Certains attendaient entre trois et cinq étapes gagnées par le Slovène, ainsi qu’une avance de plus de sept minutes. Si déjà les chiffres avancés par certains étaient impressionnants, POGACAR a même fait mieux que ça. Six victoires d’étapes (Etapes 2, 7, 8, 15, 16 et 20 ; en ajoutant également deux 2èmes places sur les étapes 14 et 17), ainsi qu’un écart de 9 minutes et 56 secondes sur son dauphin, Daniel Felipe MARTINEZ (COL, 28 ans, Bora-Hansgrohe), pour la première fois de sa carrière sur un podium de Grand Tour, et 10’24″ Geraint THOMAS (BRIT, 38 ans, Ineos-Grenadiers), deuxième l’an dernier derrière Primoz ROGLIC. Si ces chiffres sont déjà excédentaires, ce qui a surtout choqué et interpellé certains, c’est la manière dont POGACAR gagnait ses étapes, et l’état de fraîcheur certaine dans lequel il était lors de certaines étapes très difficiles par rapport à ses concurrents. Il n’avait d’ailleurs même pas à attaquer sur certaines journées, se contentant d’aller au train, et de lâcher tout le monde. Alors, forcément, ça poste question. L’autre mot qui peut nous venir, c’est le questionnement. Dès lors qu’il y a eu quelqu’un qui dominait très largement ses adversaires dans le cyclisme, on se pose des questions, du fait des différents scandales qu’il y a eu par le passé. Et c’est tout à fait légitime de se demander si Tadej POGACAR ne profiterait pas de quelque chose qui n’est pas encore défini comme du dopage en tant que tel, que ce soit au niveau du physique, du vélo, de la nutrition… Surtout quand on voit ses performances récentes, et l’âge qu’il a, avec la progression qu’on lui connaît depuis son arrivée sur le niveau World Tour. Mais le questionnement ne rime pas avec suspicions, car tant que rien n’est trouvé, cela n’indique pas de dopage, mais on peut quand même se poser des questions.
Trois Français vainqueurs, on n’avait plus vu ça depuis 1987 !
Cela faisait 37 ans, trente-sept ans que la France n’avait pas connue trois vainqueurs différents sur le Tour d’Italie ! Eh bien l’édition 2024 du premier Grand Tour de la saison a délogée cette statistique, puisque Benjamin THOMAS lors de la 5ème étape, Valentin PARET-PEINTRE lors de la 10ème étape, et enfin Julian ALAPHILIPPE sur la 12ème étape sont parvenus à lever les bras sur cette 107ème édition. Si la victoire de ce dernier, était plus ou moins attendue, puisqu’il avait notamment annoncé avant ce Giro vouloir gagner une étape, les deux autres victoires ont été de très belles surprises ! D’abord celle de THOMAS, parti dans une échappée de quatre coureurs, puis vainqueur au sprint de ce petit comité, alors que l’étape était, sur le papier, promise aux sprinteurs. Puis celle de PARET-PEINTRE, Valentin, qui, plus d’un an après la victoire de son frère, Aurélien, l’an dernier, s’est illustré sur l’étape de montagne vers Bocca delle Selva après la première journée de repos. À noter également que Julian ALAPHILIPPE a terminé supercombatif de ce Tour d’Italie 2024, en passant notamment le plus grand nombre de kilomètres en tant qu’échappée (environ 900). La seule déception résidera dans le fait que Romain BARDET n’ai pas réussi à remporter une étape, son objectif principal soi-disant au début du Giro. Il pourra peut-être se consoler avec une 9ème place au Classement Général, même s’il était en bonne position avant la 20ème étape pour une 7ème place.
MERLIER et MILAN, les deux acteurs principaux au sprint
Lorsque l’on regardait la liste de départ, au niveau des différents sprinteurs, on pouvait se dire que les sprints massifs allaient être très disputés. Entre Olav KOOIJ, Jonathan MILAN, Tim MERLIER, Kaden GROVES, Caleb EWAN, Fabio JAKOBSEN, Alberto DAINESE, Tobias Lund ADRESEN… De très nombreux coureurs pouvaient prétendre s’imposer sur une étape cette année. D’autant que les occasions ne manquaient pas sur cette édition du Giro. Pas moins de huit à neuf étapes étaient considérées comme « de sprint ». Pourtant, on l’a bien vu avec la victoire de Benjamin THOMAS sur l’étape n°5, certaines ne sont pas toutes arrivées au sprint. De plus, de nombreux sprinteurs ont abandonné, comme Biniam GIRMAY ou Olav KOOIJ, après sa victoire lors de la 9ème étape. Ce sont finalement deux d’entre tous les sprinteurs qui se sont le plus illustré, à savoir Jonathan MILAN (ITA, 23 ans, Lidl-Trek) et Tim MERLIER (BEL, 31 ans, Soudal Quick-Step), qui se sont partagés six étapes au total. Trois pour l’un, et trois pour l’autre. On notera que l’Italien a remporté le maillot de meilleur sprinteur, dit cyclamen, pour la deuxième fois de sa carrière consécutivement, bien plus régulier que le Belge sur les trois semaines lors des différents sprints. Ce dernier a, quant à lui, remporté pour la première fois de sa carrière, trois étapes sur un Grand Tour, lui qui n’avait jamais gagné plus de deux étapes sur un Grand Tour.
L’organisation, le point un petit peu négatif lors de la 16ème étape
On notera que l’organisation de ce Tour d’Italie 2024, RCS, a quelque peu été bancale lors de la 16ème étape. En effet, avec la météo qui s’abattait depuis quelque temps depuis le début de la journée, les conditions ne permettaient pas le passage au sommet du premier col de l’étape, où il ne faisait pas loin de trois degrés, et de la neige s’abattait au sommet. Alors, les organisateurs ont décidé de reporter dans un premier temps le départ, mais ont surtout pris énormément de temps quant à la décision finale concernant l’étape. Si les coureurs et leur syndicat avaient revendiqué la veille d’annuler le passage de la première ascension du jour, et ainsi de faire une étape de 120 kilomètres, RCS ne s’était toujours pas décidé. Finalement, une décision commune a été prise entre coureurs et organisateurs, pour ne pas passer le premier col de la journée, et faire comme les coureurs l’avaient recommandé. Une organisation à revoir donc, puisque les coureurs ont attendu la décision finale sous la pluie ou dans les voitures des directeurs sportifs, puisqu’on avait demandé aux bus de descendre, à cause du mauvais temps notamment. Au final, si la bonne décision a été actée, il n’en reste pas moins que l’organisation devra être plus réactive dans les années à venir.