Benjamin Roubiol et Marion Delespierre ont hissé très haut les couleurs de la France ce vendredi à Innsbruck, en décrochant tous les deux le titre mondial du trail long, au terme d’une épreuve extrêmement éprouvante. Manon Bohard Cailler a pris le bronze dans la course féminine, et les deux équipes ont glané l’or collectif.
Le soleil a atteint son zénith ce vendredi dans le ciel autrichien. C’était aux alentours de 15h, et il s’est alors paré d’une belle teinte bleue. C’est à ce moment-là que Benjamin Roubiol et Marion Delespierre ont pris les commandes de la course longue des championnats du monde de trail, pour ne plus la lâcher. Pour Roubiol, le déclic a eu lieu un peu avant le 70e kilomètre, dans la dernière montée de la journée, puis a creusé l’écart avec l’Italien Andreas Reiterer, qui menait les débats depuis une quarantaine de kilomètres. Il franchit ainsi en grand vainqueur la ligne d’arrivée en 9h52’59”, après 85 km d’effort et 6500 m de dénivelé positif.
À 23 ans, Roubiol a fait preuve d’un sang-froid et d’une gestion de course remarquables, sur un tracé particulièrement exigeant, avec des montées très raides et de longues descentes martyrisant les quadriceps. “J’ai fait très peu d’erreurs aujourd’hui, je peux être fier du résultat. Je me suis interdit de penser à la victoire presque jusqu’au bout. J’avais besoin d’être dans le moment présent et concentré au maximum sur mes sensations, pour assurer mon alimentation, mon hydratation, ne pas paniquer, et profiter à fond.”
Un travail d’équipe d’une efficacité redoutable.
Marion Delespierre a de son côté produit son effort à partir du 55e kilomètre, pour aller chercher l’allemande, Katharina Hartmuth, emmenant dans son sillage Manon Bohard Cailler, avec qui elle a partagé une grande partie du chemin. La Lyonnaise a eu course gagnée dans la dernière descente, même si des crampes sont venues lui offrir une dose d’adrénaline supplémentaire. “J’ai eu peur de me retrouver comme dans les films, incapable de courir dans les derniers mètres, souriait-elle quelques minutes après son arrivée. J’ai essayé de rester lucide et de bien m’hydrater. J’en ai presque occulté que j’allais terminer première. C’est quand on m’a donné le drapeau que j’ai réalisé que c’était gagné”. En bouclant le parcours exigeant du jour en 11h22’31”, elle devance sa dauphine germanique de 6’43’’. Manon Bohard Cailler complète le podium et décroche le bronze de cette épreuve longue des Championnats du monde de trail, en 11h34’22”. “La journée a été belle, même si la fin a été très difficile pour moi. Avec la médaille d’or de Marion, celle de l’équipe, et celles des garçons, c’est une sensation indescriptible.”
L’or pour tous.
En prenant la dixième du jour en 12h01’30”, Audrey Tanguy est allée « chercher plus loin que jamais, physiquement et mentalement, les ressources nécessaires » et participe, tout comme Jocelyne Pauly, dix-septième en 12h25’17”, à la victoire collective des Bleues, devant l’Allemagne et l’Italie. C’est la troisième de rang pour les Bleues, pourtant rapidement privées de leur leader Blandine L’hirondel. La double tenante du titre a bien essayé de jouer sa carte, mais une douleur au pied présente depuis quelques semaines l’a rapidement contrainte à l’abandon.
Les hommes aussi ont eu droit à leur Marseillaise collective, reprenant l’or que leur avait chipé les Etats-Unis au mois de novembre en Thaïlande. Thibaut Garrivier a achevé la « course la plus difficile de carrière » à une méritoire quatrième place en 10h14’49”.
Baptiste Chassagne s’est chargé de classer les Bleus au premier rang, devant les États-Unis et l’Italie, en prenant la quinzième place individuelle en 10h35’21”. Pour sa septième édition des Mondiaux de trail, Nicolas Martin a dû s’arrêter au 53e kilomètre, vaincu par un genou récalcitrant. Il a alors repris son rôle de capitaine de route avec tout l’entrain qu’on lui connaît. Paul Mathou est allé au bout de ses forces, frayant tout au long de la journée entre la quinzième et la vingtième place, mais a été contraint de quitter la scène à moins de dix kilomètres du but. Cela ne l’empêchera pas de fêter dignement avec ses camardes la nouvelle moisson française.