Rencontre avec Thibault LEROUX, un athlète angevin qui nous racontera son expérience lors du marathon de Paris, qui s’est déroulé ce week-end. Il reviendra avec nous sur sa préparation et sur ses objectifs. Ensuite, il nous fera partager le déroulé de sa course où tout se passait bien jusqu’au fameux mur du trentième kilomètre… Il nous dira comment il a su trouver les ressources physiques et mentales pour franchir la ligne d’arrivée, sous la barre des 3h20.

Bonjour Thibault, parlez-nous de votre préparation au marathon de Paris ?

« Ma phase de préparation a été basée sur douze semaines. Je n’ai jamais réussi à faire de longues sorties, hormis une sortie de vingt kilomètres avec ma deuxième fille en poussette. J’ai toujours réussi à faire trois ou quatre séances par semaine, mais que des petites sorties ou des séances de fractionné. »

Comment s’est déroulé le départ pour vous ?

« Je suis parti dans le sas des 3h. Du coup, après un départ correct, au bout de douze kilomètres, j’ai commencé à avoir les jambes lourdes. Ensuite, cela va se décanter au fur et à mesure et je vais essayer de me mettre à l’abri, en groupe, car il y avait un peu de vent. J’ai essayé de faire le moins d’effort possible. »

Avez-vous pensé à prendre chaque ravitaillement ?

« Oui, j’ai pris chaque ravitaillement, chose que je n’avais pas faite lors de mon premier marathon à la Rochelle, que j’avais terminé en 3h09. A l’époque, j’avais commencé à m’arrêter au ravitaillement à partir du vingtième kilomètre. »

Qu’avez-vous pris à chaque ravitaillement ?

« Là, à chaque ravitaillement, c’était un peu d’eau et une fois sur deux, soit du sucre ou soit du salé. Alors, est-ce que cela m’a aidé ? Peut-être, parce que je partais de loin dans ma préparation. Cela m’a permis de tenir pas mal de temps. »

A ce moment-là de la course, vous êtes dans vos objectifs ?

« En effet, à ce moment-là de la course, je suis dans mon objectif de chrono à 4’15 au kilomètre, au 5e, au 10e, au 15e, au 20e et au 25e kilomètres… Et au 29e kilomètre, je sens une toute petite baisse de régime. »

C’est alors, à partir du trentième kilomètre que vous allez flancher physiquement ?

« Eh oui, malheureusement, à partir du trentième kilomètre, la galère va commencer… Disons que cela allait à peu près bien jusqu’au trentième kilomètre et ensuite, ce fut le mur total !!! Donc pas le choix, j’ai dû trottiner et m’arrêter… J’ai fini très mal… Autant le souffle, le mental et le moral allaient très bien, ce sont juste les jambes qui vont devenir lourdes et douloureuses… J’imagine que la fameuse sortie longue que je n’ai pas effectuée durant ma préparation, m’a été préjudiciable… »

Comment expliquez-vous cette vraie baisse de régime ?

« L’explication est simple, je n’étais pas entraîné sur des sorties longues… J’avais un manque de temps d’entraînement. Je n’avais fait qu’une sortie de 1h45 et une sortie de 1h30. Je savais que j’allais avoir le mur, mais j’ai tenté… »

Il restait encore une partie de la course à effectuer ?

« Oui, il restait encore douze kilomètres à effectuer. J’ai donc subi la course. J’ai essayé de me focaliser à profiter du paysage et de tous les monuments autour desquels on passait, afin de garder le moral et tenir jusqu’au bout. Je savais que j’allais aller au bout, çà, c’était validé. Par contre, je savais que le chrono allait être catastrophique. »

Vous vous êtes tout de même repris pour terminer sous la barre des 3h20 ?

« C’est exact, à un moment donné, je me suis dit qu’il ne fallait pas que je passe la barre des 3h20 quand même. Donc, j’ai réussi à remettre un tout petit peu d’élan, mais vraiment rien de significatif. »

Comment se sont passés les derniers kilomètres ?

« Je me suis beaucoup arrêté, j’ai essayé de m’étirer. Et puis, ce qui remonte le moral, c’est de voir tous les athlètes autour de soi, avec leur physique ultra préparé, qui étaient arrêtés comme moi. »

Il y a eu un certain nombre d’abandons… ?

« En effet ! J’ai vu qu’il y avait eu mille abandons, durant la course. Cela représente quand même un certain nombre d’athlètes… Je me suis dit qu’il n’était pas si facile que cela de terminer ce marathon de Paris… »

Surtout que le parcours n’est pas si facile que cela ?

« C’est vrai qu’il y a quelques petites montées, des petits faux plats, qui font que si l’on n’est pas extrêmement préparé, on peut lâcher de l’énergie à chaque fois, sur ces petites portions de course… Et puis, à un moment donné, cela commence à faire mal au corps. En occurrence pour ma part, cela m’a fait mal, car je n’étais pas prêt comme je le souhaitais. »

Est-ce que ne vous n’avez pas surestimé votre potentiel de course, en décidant de prendre le départ, dans le sas des trois heures ?

« Disons, que je n’ai pas voulu partir dans un sas de plus de trois heures. Je sais que c’est mon record, que je peux faire les trois heures et je sais que je les ai dans les jambes. Je savais que j’avais le potentiel. Mais là, dans ma préparation, je savais que je ne les avais pas. J’ai quand même voulu tenter le coup. Si toutes les planètes sont alignées, je me suis dit, pourquoi pas. Je n’ai pas voulu me mettre dans le sas des 3h30, j’ai géré mon allure tant que je le pouvais. »

Que pouvez-vous nous dire sur le parcours ?

« Je dirais que le parcours est plutôt très bien, il y a beaucoup de public, il y a beaucoup d’animation, beaucoup de monuments, ce qui permet de découvrir Paris d’une autre façon. C’est bien organisé, il n’y a pas d’attente et il y a de l’espace. Clairement, c’est un beau marathon. »

Pour conclure, que retiendrez-vous de cette expérience, au final ?

« Au final, j’en retire une bonne expérience, même si je suis un peu déçu de ma performance, due à ma préparation qui n’a pas été optimale pour pouvoir prétendre à faire trois heures. Je joue beaucoup au moral et au mental. Mais à un moment donné, j’aimerais tellement jouer sur les capacités physiques et aller chercher mieux que trois heures, avec le mental… Mais voilà, cela sera pour un prochain marathon. »