Rencontre avec la famille BOURDEAU, où Jean-Michel, le papa, nous présentera ses deux enfants, Manon et Timéo, dans leurs pratiques sportives respectives. Puis, il évoquera son quotidien depuis son départ du club d’Angers SCA et de ses nouvelles occupations. Ensuite, il nous fera partager ses idées en matière d’amélioration et d’évolution de la formation, au sein des clubs amateurs de football, mais aussi des valeurs à inculquer dès le plus jeune âge. Enfin, malgré de nombreuses propositions, il a finalement décidé d’un retour au sein du club du Foyer Espérance de Trélazé et il nous en expliquera les raisons et en quoi consiste son nouveau rôle au sein du club. Cependant, il ne s’interdira pas un nouveau challenge d’entraîneur, pour la saison prochaine.
Bonjour Jean-Michel, pouvez-vous nous présenter vos deux enfants et comment sont-ils arrivés à la pratique sportive du football, pourquoi ce choix ?
“Manon, la plus grande, a douze ans, elle en aura treize, le 28 janvier prochain. Elle pratique le football depuis deux ans et demi, maintenant. C’était juste après le premier confinement. Elle s’est fracturée les deux avant-bras lors du premier confinement et elle voulait changer de sport. Elle a fait un essai au sein du club d’Angers SCA et a accroché tout de suite avec le football. Depuis, c’est devenu une réelle passion pour elle. Quant à Timéo, il a huit ans, il en aura neuf, le 9 février prochain. Il pratique le football, depuis qu’il a cinq ans et demi et mon arrivée au sein du club du Foyer Espérance de Trélazé. Ses copains d’école et de classe jouaient pour la plupart au football et au Foyer de Trélazé, alors il a voulu les retrouver.”
Est-ce qu’ils ont fait d’autres sports avant ?
“Oui, Manon et Timéo ont commencé par pratiquer la gymnastique. Dès l’âge de trois ans, ils ont fait de la baby gym et Manon a même fait de la gym en compétition pendant quatre ans. La gym a permis à mes deux enfants de travailler leur motricité et donc d’avoir un bon bagage pour tous les autres sports.”
En tant que papa attentif à leurs évolutions, quels conseils leur donnez-vous ?
“Je vous avoue avoir, plus souvent un regard d’éducateur avec mes enfants qu’un regard de papa et de ce fait, que je suis très (trop) souvent très dur avec eux. Ils veulent, comme beaucoup à leur âge, avoir une carrière de sportif professionnel, si possible, mais je veux tellement les protéger et la route est tellement longue et difficile. Heureusement, nous avons la voix de la sagesse à la maison, ma femme, qui est de bon conseil et qui me recadre quand je dévie du droit chemin. Je leur donne souvent le conseil le plus important pour moi, qu’ils soient heureux et qu’ils s’amusent tout en travaillant dur et en étant respectueux.”
Etes-vous un papa qui est juste accompagnateur ou participez-vous aussi aux entraînements et au coaching le week-end ?
“Au sein du club d’Angers SCA, j’étais devenu l’éducateur de Manon, suite au départ du coach U13 féminin, l’an dernier. Je participais aussi aux séances U9 de Timéo, le mercredi, et j’étais le responsable plateau de son groupe, le samedi. Depuis le départ de l’un et l’autre, je ne suis que papa accompagnateur et premier supporter de l’un et l’autre. Même si mes nouvelles fonctions vont m’amener à surveiller un peu plus mon fils.”
Pourquoi avoir choisi le club du Foyer de Trélazé pour votre garçon et Angers NDC pour votre fille ?
“Le choix des clubs a été celui de mes enfants eux-mêmes. Manon voulait progresser et surtout, voulait à tout prix quitter le SCA, suite à mon éviction du groupe seniors. L’opportunité de la NDC s’est présentée et Manon a été conquise, dès son premier entraînement. D’ailleurs, elle est surclassée en catégorie U15 et s’éclate avec ses nouvelles coéquipières. Timide au début, les vacances de Noël lui ont fait du bien et elle a su montrer le samedi, qu’elle était complètement intégrée à sa nouvelle équipe. Pour Timéo, vu le travail exceptionnel fait au SCA par Franck KOESSA sur l’école de foot, et la qualité des séances, j’aurais aimé qu’il reste jusqu’à la fin de saison en U9. Mais il faut savoir que lors de mon départ du Foyer de Trélazé, nous avions obligé Timéo à me suivre. Ce fut une erreur que je ne voulais pas recommencer. Il a donc choisi de lui-même de revenir au sein du Foyer de Trélazé. Il est aussi surclassé, en U11 et joue avec tous ses anciens copains. L’apprentissage est dur, mais il est combatif et tant qu’il a le sourire, cela me convient.”
A quels postes évoluent-ils sur le terrain ?
“Manon a commencé défenseur, puis milieu axial, mais elle semble s’épanouir dans un rôle de milieu de couloir à Angers NDC. Timéo est polyvalent, il est bon partout, en U9 au SCA, il jouait à tous les postes. En U11, je le trouve plus intéressant sur un côté, même si avec sa vision du jeu, il peut aussi évoluer dans l’axe.”
Dans un monde de plus en plus consommateur, quelles sont les valeurs que vous leur inculquez au quotidien ?
“Je veux surtout leur inculquer des valeurs de respect, de plaisir, de travail et de dépassement de soi, ainsi que d’honnêteté et d’humilité.”
De manière générale, quel est votre rôle envers cette jeune génération et quelle contribution aimeriez-vous lui apporter, à travers votre expérience d’entraîneur ?
“J’ai commencé par encadrer les tout petits, puis je suis monté de catégorie en catégorie, jusqu’aux seniors. Malgré tout, comme je l’ai souvent dit, j’ai une forte attirance pour le monde des jeunes, car il est plus sincère et moins consommateur, même si les nouvelles générations le deviennent très jeunes. A mon époque, on ne changeait pas de club comme certains le font, aujourd’hui. Un joueur restait de la catégorie débutant à au moins la catégorie U19 dans son club. Maintenant, même les joueurs U15 vont aux plus offrants sans même penser à leur développement personnel, mais seulement en regardant le niveau. Je trouve cela dommageable.
Le plus important, pour moi, dans un club, est l’école de foot et comment nous élevons (sportivement) les enfants. Si nous les habituons, dès qu’ils sont petits, à être respectueux et travailleurs, nous aurons plus tard, des joueurs seniors au top… Cela reste mon point de vue. Mais, j’ai eu trop de joueurs seniors, ces dernières années, qu’il a fallu essayer d’éduquer et tout le monde sait que cela reste une mission impossible, car c’est souvent trop tard…”
Quels sont les points, les idées que vous aimeriez apporter ou améliorer en matière d’évolution de la formation, au sein des clubs ?
“L’idée que j’aimerais, avant tout, apporter au sein d’un club est tout d’abord d’apporter de la joie aux joueurs (joueuses) en séance d’entraînement, afin qu’ils (elles) reviennent à chaque fois avec la même envie qu’ils ou qu’elles aient six ans ou trente ans.”
Les jeunes générations sont les futurs joueurs des équipes fanions des clubs, quels discours aimeriez-vous tenir vis-à-vis des responsables de club, mais aussi des instances ?
“Il faut arrêter de mettre la pression sur les écoles de foot. A mon goût, la compétition (montée/descente) ne devrait pas exister avant le foot à 11, soit en U15. Le faire avant ne permet pas aux éducateurs et aux clubs d’être assez patients avec les joueurs ou les joueuses. Les instances devraient revoir le fonctionnement des écoles de foot, mettre des groupes de niveaux comme en U9, c’est très bien, mais pourquoi ne pas laisser comme cela jusqu’en U13 ? J’aimerais que certains éducateurs laissent les enfants progresser tranquillement et à leur rythme sans avoir la pression du résultat.”
Quels moyens supplémentaires faudrait-il pour développer l’attractivité du football féminin dans les clubs ?
“Concernant le football féminin, il est en plein essor dans le département du Maine-et-Loire. Preuve en est lors du rassemblement du foot indoor de samedi dernier. Du matin au soir, un nombre impressionnant de filles s’est succédé sur les terrains d’urban soccer. Il faut que les clubs mettent de vrais éducateurs ou éducatrices sur leur section féminine, afin que l’encadrement soit de qualité.”
Revenons à votre actualité sportive. Que devenez-vous depuis votre départ d’Angers SCA et comment occupez-vous vos semaines et vos week-ends, sans coaching ?
“Depuis mon départ du club d’Angers SCA, j’occupe mes week-ends, comme toujours, à suivre mes enfants le samedi, avec ma fille le matin et mon fils, l’après-midi. Il y a eu les fêtes de fin d’année, donc cela ne m’a pas changé mes habitudes, à cette période de l’année.”
A ce titre, vous avez accepté de devenir le nouveau responsable technique au sein du club du Foyer de Trélazé. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet et pourquoi avoir accepté cette proposition, après une dernière séparation douloureuse, il y a quelques saisons… ?
“Après l’annonce de mon départ du club d’Angers SCA, le Foyer de Trélazé (comme plusieurs clubs) a tout de suite pris contact avec moi. En une semaine, j’ai reçu presque une dizaine de propositions. Je profite d’ailleurs pour remercier chacun des clubs qui ont pris contact avec moi. D’ailleurs, je m’excuse auprès de ceux, où j’ai décliné la proposition. J’avais un goût d’inachevé, suite à mon départ du Foyer de Trélazé, il y a déjà trois ans et Sébastien Chollet, le président du Foyer de Trélazé, appuyé par tout le bureau, souhaitait mon retour pour aider le club et apporter mes connaissances et mon expérience.
En regardant en arrière, je me suis senti un peu coupable de ce qu’est devenu le club en matière de formation, car mon départ a engagé celui de certains joueurs et éducateurs. De plus, le Covid-19 n’a pas aidé le club à rebondir. Je ne pouvais donc pas refuser la proposition qui m’a été faite.”
Quel sera votre nouveau rôle au sein du club et qu’est-ce que vous souhaitez mettre en place de façon concrète ?
“Depuis le mois de janvier, je suis revenu en tant que responsable technique et mon rôle sera d’apporter mon aide à toutes les catégories sur le plan sportif, auprès des éducateurs en particulier sur les jeunes et sur les catégories, où il y aura des besoins. Je ne suis pas là pour prendre la place de qui que ce soit, ni de coacher une équipe, mais simplement d’aider, de conseiller et d’accompagner.”
Quels seront les objectifs pour la deuxième partie de saison, mais aussi sur les saisons à venir ?
“Pour la fin de saison, mes objectifs seront de travailler main dans la main avec les éducateurs et éducatrices du club. Et pour l’avenir, on verra si ce rôle me convient ou si le banc me manque…”
A ce titre, est-ce que vous vous êtes donné un délai de réussite ?
“Non, je ne me suis pas donné de délais, c’est un nouveau rôle pour moi, peut-être que le banc me manquera et que cet Eté, je retrouverais les terrains… Mais à ce jour, je pense que ce rôle me convient et m’aidera aussi à évoluer personnellement dans mon approche du football, tout en continuant de suivre mes deux enfants.”