Ancien gardien de but, Yannick RIVET, nous fera partager son expérience comme dernier rempart d’une équipe, ainsi que ses meilleurs souvenirs sur le terrain. Puis, il nous donnera son avis sur le rôle de gardien de but dans une équipe de football, sa principale qualité et terminera par nous proposer ses conseils pour les jeunes gardiens de but.
Bonjour Yannick que pouvez-vous nous dire sur votre expérience en tant que gardien de but ?
“En tant que gardien de but, j’adorais les penaltys. En effet, je n’avais jamais la pression. Soit, il marque et c’est pratiquement normal, soit je l’arrête et je suis le héros… donc, il n’y avait aucune pression de ma part… Dans un match, souvent, le penalty change la donne. Les joueurs n’ont qu’une envie, venir buter sur le goal pour que l’arbitre siffle, cela devient systématique. Très souvent, quand j’étais face au tireur, j’essayais de le déconcentrer. Je gesticulais, parlementais, demandais que le ballon soit bien replacé enfin, tout était bon pour embêter le tireur… Et cela marchait très souvent.”
A ce sujet, quel est votre meilleur souvenir ?
“Mon meilleur souvenir d’un penalty en match, c’était contre Tignes, le premier contre le deuxième, lors de la dernière journée de championnat en Première Division, de l’époque. Il restait dix minutes de jeu, on menait 2-1, la montée nous attendait, mais l’arbitre avait sifflé un penalty contre nous, à la suite d’une action litigieuse (c’est toujours litigieux quand c’est contre nous (rire)). Je fais replacer le ballon deux fois par le joueur et une fois par l’arbitre, le tireur frappe sur ma gauche, mais je choisissais toujours mon côté avant et je m’y tenais. Je détourne le ballon sur le poteau, mais il repart au milieu de la surface de réparation, le joueur reprend, mais je me couche encore du bon côté et envoie la balle en corner. Quelle joie pour moi et l’équipe. On gagne le match, avec une montée en Promotion d’Honneur, à la clé. J’étais trop fier. Ce fut un moment de grâce et un moment fort. Mais l’année d’après, il y a eu un changement d’entraîneur, il est arrivé avec un autre gardien de but. Du coup, je me suis retrouvé à jouer en équipe B voire en équipe C, suivant les humeurs du nouveau président avec qui, je n’avais aucun atome crochu.”
Que pouvez-vous nous dire sur le rôle du gardien de but ?
Comme je le dis souvent, le poste de gardien est très spécial, c’est un individualiste dans un sport collectif. Si ton équipe gagne 10-0, on dit “waouh belle équipe”, mais si tu perds avec les mêmes joueurs 0-10, on dira “ton gardien est nul”, quelles que soient les circonstances du match.”
Avec l’expérience, vous avez dû en voir des choses… ?
“En quarante saisons au poste de gardien de but, j’en ai vu des vertes et des pas mûres. J’ai joué jusqu’à quarante-huit ans avec l’équipe première de l’Olympique Sainte-Gemmes-sur-Loire, mais une grosse blessure au genou (fracture de la rotule, fracture du ménisque et rupture des ligaments) a mis fin à mon ascension (rire). Pourtant, l’équipe de France me tendait les bras… (rire).”
Pensez-vous que vous auriez pu avoir une meilleure carrière ?
“J’aurais pu être un PRO du ballon (rire). Non mais, j’aurais peut-être pu faire mieux. D’ailleurs, j’ai été en sélection du Maine-et-Loire et de grands clubs lorgnaient sur moi, mais j’ai préféré rester avec mes potes. A l’époque, le football était un sport, pas un business lucratif.”
Quelles étaient vos qualités en tant que gardien de but ?
“Je pense que ma première qualité était ma détente (rire), je la travaillais. Je faisais du sport à l’ASSU et à l’UFOLEP avec mon lycée, avec du lancer de poids, du javelot soixante et cent mètres, du sprint, du saut en longueur et de la hauteur, ajouté à tout cela, de la musculation.”
Vous étiez aussi surclassé ?
“A quatorze ans, j’avais le double surclassement et je jouais avec l’équipe première de mon club l’Entente Frémuroise.”
Pour terminer, quels conseils pourriez-vous donner aux jeunes gardiens de but ?
“Je conseille toujours les gardiens du club, en leur disant de faire attention aux rebonds, à l’état du terrain qui doit être pris en compte, du vent lors des dégagements, savoir accélérer le jeu ou le ralentir, faire le vide dans des moments importants, etc…”